Windsor Castle
Avec le palais de Buckingham à Londres et le palais de Holyrood à Édimbourg, c’est l’une des principales résidences officielles des membres de la famille royale du Royaume-Uni. La reine Élisabeth II y séjourne plusieurs week-ends dans l’année, l'utilisant à la fois comme résidence privée et comme résidence officielle. Ses deux autres propriétés, le château de Balmoral et Sandringham House, sont des résidences royales privées. La plupart des rois et reines d'Angleterre ont eu une influence sur l'architecture du château, qui fut une forteresse, un manoir, une résidence royale et parfois même une prison. L'histoire du château est intimement liée à celle de la monarchie britannique. Au nord du château se trouve l'école privée Saint-Georges, qui forme des choristes pour la chapelle du même nom. Au commencement de son règne Guillaume le Conquérant prend possession d'un manoir (probablement une résidence royale saxonne), dans ce qui aujourd'hui constitue le Vieux Windsor. Plus tard, entre 1070 et 1086, il loue le site actuel du château au manoir de Clewer et construit le premier édifice en motte castrale à l'emplacement actuel de la tour Ronde. La motte, d'une hauteur de 15 mètres, est constituée de craie extraite d'une carrière des environs, et sera entourée par la suite de douves. Bénéficiant d'une position géographique importante, le château faisait partie de l'enceinte défensive des forteresses entourant la ville de Londres. À cette époque, le château était protégé par des remparts en bois, à la place des épais murs de pierre d'aujourd'hui. Le plan original est inconnu, mais on sait qu'il s'agissait d'une forteresse classique, même si rien de la structure d'origine n'a été préservé. Par la suite, on a continué à utiliser cette place comme base militaire en procédant toutefois à de nombreux agrandissements. Si Guillaume II améliora et élargit la structure, Henri Ier fut le premier monarque à y résider, puisqu'il y célébra la Pentecôte en 1110 et son mariage avec Adelaïde, la fille de Godefroid Ier de Louvain y fut célébré en 1121. Les plus anciens bâtiments encore existants datent du règne d'Henri II (couronné en 1154). Celui-ci remplaça les remparts de bois entourant la forteresse par un mur en pierre espacé de tours carrées ; une partie restaurée de ce mur défensif peut être observée de nos jours depuis la terrasse. Henri II construisit aussi le premier donjon de pierre sur la butte, au centre du château. En 1189, Windsor fut assiégé pendant la « Révolte des barons anglais » contre Jean sans Terre. Les troupes du Prince de Galles prirent la fuite, et ce dernier dut s'enfuir en France. Plus tard, en 1215, à Runnymede, près du château, le même prince, désormais roi, fut contraint de signer la "Grande Charte". En 1216, toujours durant la « Révolte des Barons », le château fut à nouveau assiégé, ce qui causa de sérieux dommages à la partie basse. Le successeur de Jean, Henri III fit réparer ces dommages et renforça la défense du château en construisant l'aile ouest encore partiellement existante aujourd'hui. Les plus vieilles parties de l'édifice encore visibles comprennent la tour du Couvre-feu, construite en 1227, et, à l'intérieur de la tour, l'ancienne prison ainsi que les vestiges d'une porte secrète permettant aux occupants de sortir pendant les sièges. Des cloches seront installées en haut de la tour en 1478, et seront suivies d'une horloge en 1689. Le toit conique à la française lui a été ajouté au XIXe siècle. Henri III y meurt en 1272. Peu de transformations auront lieu avant le règne d'Édouard III entre 1327 et 1377. Le roi Édouard III naquit au château en 1312 et fut connu sous le nom d'Édouard de Windsor. En 1350, il entama un programme de reconstruction qui allait durer 24 ans. Le château d'alors fut démoli à l'exception de la Tour du Couvre-feu et de quelques constructions d'importance secondaire. Il nomma William de Wykeham à la tête du chantier. Le donjon d'Henri II fut remplacé par le donjon actuel, même s'il n'atteindra pas la hauteur qu'on lui connaît aujourd'hui avant le XIXe siècle. Les fortifications furent également améliorées et la chapelle largement agrandie (la construction pourtant planifiée d'une nouvelle église ayant été annulée, probablement à cause du manque de main-d'œuvre et de moyens consécutif à l'épidémie de peste noire). C'est de cette époque que date également la porte des Normands : cette porte monumentale située au pied de la tour Ronde est le dernier bastion avant la partie haute du château où sont situés les appartements royaux. En 1348, Édouard III instaure l’ordre de la Jarretière, dont la cérémonie annuelle, a lieu dans la chapelle Saint-Georges, le principal édifice religieux du château. La partie basse dans les années 1840. La chapelle Saint-Georges est à gauche et la tour Ronde est à l’arrière-plan au centre. Cependant, en 1390, durant le règne de Richard II, on s’aperçut que celle-ci était sur le point de s’effondrer et qu'une restauration devait être entreprise. Geoffrey Chaucer, le conducteur des travaux, était à la fois écrivain, diplomate et grand architecte du roi, ainsi que l'un de ses favoris. Leur collaboration allait perdurer tout le long du règne de Richard. Avant la mort de Chaucer le 25 octobre 1400, le roi lui accorda plusieurs cadeaux et rentes, comme par exemple : en 1394 une rente de 20 Livres par an, ou encore en 1397, 252 gallons de vin. Quelle qu'ait été la qualité du travail de géomètre et d’architecte de Chaucer, la chapelle tombait de nouveau en ruines 50 ans après sa restauration. Édouard IV (1461–1483), premier représentant de la Maison d'York commença la construction de l’actuelle chapelle Saint-Georges. En réalité, l'édifice de style gothique, commencée en 1475, est davantage une cathédrale miniature et un mausolée royal qu’une chapelle. Sa construction marque un tournant du point de vue architectural. Après la guerre des Roses, le climat politique devenu plus stable, le style et le confort des aménagements prennent le pas sur les fortifications. La finalité du château change : d'un bastion royal, il devient résidence des souverains Cependant, durant le règne d’Henri VII, une partie de la chapelle sera détruite pour faire place à la "chapelle de la Vierge", le premier chef-d’œuvre architectural dans l’enceinte du château. Néanmoins, les travaux de restauration entrepris en 1871 furent si imposants que la chapelle originale a presque complètement disparu. Malgré la transformation par Edouard III du château en résidence royale comparable aux autres palais royaux tels que Whitehall ou Nonsuch, Windsor restait bien morne. Henri VIII (qui régna de 1509 à 1547) fit reconstruire l'entrée principale vers 1510 de sorte qu'en cas d'attaque, une invasion du château aurait entraîné une difficile bataille. Les armoiries au-dessus du portail et de la herse portent l'insigne de la grenade, emblème de Catherine d'Aragon, la première épouse du roi. Le successeur d'Henri VIII, Édouard VI (qui régna de 1547 à 1553), écrit lors d'un séjour au château : « Il me semble que je suis dans une prison. Il n'y a ici ni galeries, ni jardins où l'on peut se promener » Élisabeth Ire (qui régna de 1558 à 1603) résida principalement à Windsor, jugeant cet endroit comme le plus sûr de son royaume. Elle s'y retira pendant les périodes troubles, « sachant qu'on peut y tenir un siège si nécessaire » selon ses propres mots. Si ces déclarations laissent à penser que le château était encore et toujours une forteresse, elle aussi contribua à sa transformation en ordonnant la construction de la terrasse nord sur laquelle elle fit construire une promenade couverte, exemple précoce de ce qu'on appellera plus tard une serre. Ce bâtiment est resté relativement inchangé. Il accueille aujourd'hui la bibliothèque royale, qui abrite toujours une monumentale cheminée de style Tudor.



