William IV
Guillaume IV (William IV en anglais), né William Henry le 21 août 1765 au palais de Buckingham (Londres) et mort le 20 juin 1837 au château de Windsor (Berkshire), comte de Munster et duc de Clarence et de St-Andrews en 1789, est roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et de Hanovre du 26 juin 1830 jusqu'à sa mort.
Ayant servi dans la Royal Navy dans sa jeunesse, son peuple lui donna le surnom de Sailor King (« roi marin »). Bien que stationné en Amérique du Nord et dans la Caraïbe, il ne prit pas part aux combats. Ses deux frères aînés étant morts sans héritiers, il accéda au trône à l'âge de 64 ans. Son règne fut marqué par de nombreuses réformes politiques et sociales : les Poor Laws furent actualisées, le travail des enfants fut encadré, l'esclavage fut aboli dans presque tout l'Empire britannique et le Reform Act 1832 réforma le système électoral britannique. Si Guillaume IV s'impliqua moins dans la politique que son frère ou son père, il fut le dernier monarque à nommer un premier ministre contre la volonté du Parlement. À travers son frère, vice-roi du Hanovre, il offrit à ce royaume une constitution libérale, mais qui ne dura guère.
À sa mort, il n'avait aucun enfant survivant avec son épouse, Adélaïde de Saxe-Meiningen. Néanmoins l'actrice Dorothea Jordan, avec qui il avait été en relation pendant 20 ans, lui avait donné dix enfants illégitimes dont huit étaient en vie en 1837. Au Royaume-Uni, sa nièce, Victoria, lui succéda, alors que son frère Ernest-Auguste hérita du trône hanovrien.
Guillaume est né le 21 août 1765 au palais de Buckingham ; il était le troisième fils du roi George III et de la reine Charlotte1. Il avait deux frères aînés, George et Frederick, et il n'était donc pas destiné à monter sur le trône. Il fut baptisé dans la Grande Chambre du Conseil du palais St. James le 20 septembre 1765. Ses parrains étaient ses oncles paternels, le duc de Gloucester et le prince Henri (plus tard duc de Cumberland) et sa tante paternelle, la princesse Augusta alors duchesse de Brunswick-Wolfenbüttel.
Il passa la plus grande partie de sa jeunesse à Richmond à Londres et au palais de Kew où il fut éduqué par des tuteurs privés. À l'âge de treize ans, il entra dans la Royal Navy en tant que cadet et il participa à la bataille du cap Saint-Vincent en 1780. Son service dans la marine ne semble pas avoir été très différent de celui des autres cadets même si un tuteur l'accompagnait à bord et il fut d'ailleurs arrêté avec d'autres marins après une rixe à Gibraltar (il fut rapidement libéré après la connaissance de son identité). Il servit à New York durant la guerre d'indépendance des États-Unis. Alors qu'il était en Amérique, George Washington approuva un plan pour le capturer, il écrivit « L'esprit audacieux présent dans votre projet de s'introduire dans leur logement et d'enlever le Prince Guillaume Henri et l'amiral Digby mérite des éloges ; et vous avez mon autorisation de le réaliser à toute manière et à chaque moment qui vous y semble apte… » Le plan ne fut pas appliqué car les Britanniques prirent connaissance du complot et assignèrent des gardes à la protection du prince qui circulait alors sans escorte dans New York.
Guillaume devint lieutenant en 1785 et capitaine de la frégate HMS Pegasus l'année suivante11. À la fin de l'année 1786, il fut stationné dans les Indes occidentales sous le commandement d'Horatio Nelson qui écrivit de Guillaume, « dans son service, il est, j'en suis sûr, supérieur aux deux tiers des officiers ; et dans son attention aux ordres et dans son respect vis-à-vis de son officier supérieur, je ne lui connais aucun égal ». Les deux hommes étaient de grands amis et ils déjeunaient ensemble presque tous les soirs. Il reçut le commandement de la frégate HMS Andromeda en 1788 et fut promu au rang d'amiral responsable du HMS Valiant l'année suivante. Du fait de son service dans la marine, il fut surnommé Sailor King (« le Roi Marin ») pendant son règne.
Guillaume chercha à devenir duc comme ses frères aînés et il reçut un titre parlementaire similaire mais son père était réticent. Pour faire pression sur lui, Guillaume menaça de briguer le siège de Totnes à la Chambre des communes. Inquiet de la perspective de voir son fils mettre ses demandes sous les yeux de l'électorat, George III l'éleva aux rangs de duc de Clarence et de comte de Munster le 16 mai 1789 et il entra donc à la Chambre des lords ; il aurait déclaré « je sais bien que c'est un autre vote ajouté à l'opposition ». Bien qu'étant publiquement allié avec les whigs et ses frères aînés (dont les conflits avec leur père étaient bien connus), le prince de Galles et le duc d'York, les positions de Guillaume étaient ambivalentes, comme celles de nombreux politiciens de l'époque et il n'était donc pas attaché de manière certaine à un unique parti.
À partir de 1791, le duc de Clarence cohabita durant vingt ans avec une actrice irlandaise, Dorothea Jordan, mieux connue sous son nom de scène de Mme Jordan19 qu'elle aurait adopté au début de sa carrière pour expliquer une grossesse inconvenante31. Guillaume atteignit sa majorité après l'entrée en vigueur du Royal Marriages Act de 1772 (en) qui interdisait aux descendants du roi George II de se marier avant leur 25e anniversaire sans le consentement du monarque. Plusieurs fils de George III, y compris Guillaume, choisirent de cohabiter avec la femme qu'ils aimaient plutôt que de chercher une épouse convenable. Après tout, les plus jeunes fils, dont Guillaume, n'étaient pas destinés à monter sur le trône car la succession semblait assurée après le mariage du prince héritier et la naissance de sa fille, la princesse Charlotte.
Si Guillaume avait eu des aventures alors qu'il était plus jeune, il semblait apprécier la vie de famille avec Mme Jordan. Le duc fit remarquer à un ami qu'elle était « une créature excellente, très bourgeoise et se préoccupant de ses enfants. Naturellement, elle peut être déraisonnable et elle est parfois d'un tempérament difficile, mais on trouve ces imperfections dans presque chaque famille ». Le couple avait une vie tranquille mais il appréciait les divertissements comme Mme Jordan l'écrivit à la fin de l'année 1809, « nous aurons une maison joyeuse et remplie pour ce Noël car c'est ce que le duc adore32 ». Le roi, assez prude, acceptait la relation de Guillaume avec l'actrice (même s'il recommandait que sa rente soit divisée par deux33) et en 1797, il créa le William Ranger de Bushy Park, qui incluait une grande résidence, Bushy House, pour la famille de Guillaume34. Guillaume l'utilisa comme résidence principale jusqu'à son accession au trône35. Sa résidence londonienne de Clarence House fut construite selon des plans réalisés par John Nash entre 1825 et 182736.
Le couple eut dix enfants illégitimes, cinq fils et cinq filles, qui reçurent le surnom de « FitzClarence ». Leur relation dura vingt ans avant de se terminer en 1811. Mme Jordan n'avait aucun doute concernant la raison de cette rupture, « L'argent, l'argent, mon bon ami, a, j'en suis sûre, fait de LUI le plus misérable des hommes » et elle ajouta « avec toutes ses excellentes qualités, ses vertus intérieures, son amour pour ses charmants enfants, que ne doit-il pas souffrir en ce moment ». Mme Jordan reçut une indemnité de 4 400 £ (environ 261 000 £ de 2011) par an et la garde de ses enfants à condition qu'elle ne remonte pas sur scène. Lorsqu'elle reprit sa carrière pour payer les dettes accumulées par son beau-fils (le mari de l'une de ses filles issues d'une relation précédente), le duc reprit la garde des filles et arrêta de payer la pension de 1 500 £ (environ 89 000 £ de 2011). Sa carrière stagna et elle s'enfuit en France pour échapper à ses créanciers et elle mourut près de Paris en 1816 dans la pauvreté.
Guillaume avait eu un autre fils illégitime, Guillaume, avant de rencontrer Mme Jordan et dont la mère est inconnue ; ce dernier se noya près de Madagascar lors du naufrage du HMS Blenheim en 1807. Caroline von Linsingen, dont le père était général dans l'infanterie du Hanovre, avança qu'elle avait eu un fils, Heinrich, avec Guillaume vers 1790 mais Guillaume ne se trouvait pas au Hanovre à ce moment et l'histoire est considérée comme peu plausible.
Très endetté, le duc essaya d'épouser une riche héritière mais ses tentatives échouèrent. Cependant, lorsque la nièce du duc, la princesse Charlotte, la seconde dans l'ordre de succession au trône, mourut en couches en 1817, le roi avait douze enfants mais aucun petit-fils légitime. La course fut donc lancée entre les ducs royaux pour se marier et fournir un héritier. Guillaume était avantagé car ses deux frères aînés n'avaient pas d'enfants et étaient séparés de leurs épouses (qui étaient probablement trop âgées pour avoir un enfant) et Guillaume était en meilleure santé. S'il vivait suffisamment longtemps, il deviendrait certainement roi et aurait l'opportunité d'être le père du monarque suivant. Cependant, les premiers choix de mariage de Guillaume furent refusés par son frère aîné le prince régent, ou les élues refusèrent de l'épouser. Son jeune frère, Adolphe de Cambridge fut envoyé en Allemagne pour chercher d'éventuelles princesses protestantes ; il proposa la princesse Augusta de Hesse-Cassel, mais son père, Frédéric de Hesse-Cassel refusa l'union. Deux mois plus tard, le duc de Cambridge se maria avec elle. Finalement, une princesse accepta avec enthousiasme le mariage et la garde des neuf enfants survivants de Guillaume dont plusieurs étaient encore enfants. Guillaume épousa la princesse Adélaïde de Saxe-Meiningen, la fille de Georges Ier de Saxe-Meiningen le 11 juillet 1818. À vingt-cinq ans, Adélaïde était deux fois plus jeune que Guillaume.
Le mariage, qui dura près de vingt ans jusqu'à la mort de Guillaume, fut heureux. La nouvelle duchesse prit en charge Guillaume et ses finances. Durant leur première année de mariage, le couple vécut en Allemagne et les dettes de Guillaume allaient être payées car le Parlement avait voté un accroissement de son indemnité ; il l'accepta à contrecœur après que ses demandes pour une augmentation plus importante eurent été refusées. On ne connaît pas de maîtresses à Guillaume1. Le couple eut deux filles qui vécurent moins d'un an et Adélaïde fit trois fausses couches.
À la mort de George IV le 26 juin 1830, le duc de Clarence monta sur le trône sous le nom de Guillaume IV ; à l'âge de soixante-quatre ans, il était la plus vieille personne à devenir roi1. À la différence de son extravagant frère, Guillaume était réservé et discret. Par rapport à George IV qui passa la plus grande partie de son règne au château de Windsor, Guillaume était connu, en particulier au début de son règne, pour se promener sans escorte dans Londres et Brighton. Jusqu'à ce que la crise de la réforme n'érode son prestige, il était très apprécié de son peuple qui le considérait comme plus pragmatique et abordable que son frère.
Le roi se révéla immédiatement être un travailleur consciencieux. Le premier ministre du roi, le duc de Wellington, avança qu'il avait plus avancé avec Guillaume IV en dix minutes qu'avec George IV en plusieurs jours. Lord Brougham le décrivit comme un excellent homme d'affaires qui posait suffisamment de questions pour maîtriser le sujet alors que George IV n'aimait pas poser des questions de crainte de révéler son ignorance et George III posait trop de questions et n'attendait pas les réponses.
Le roi fit tout son possible pour se faire aimer de son peuple. Charlotte Williams-Wynn écrivit peu après son accession au trône, « jusqu'à présent le roi a été infatigable dans ses efforts pour se rendre populaire et il fait des choses aimables à chaque occasion ». La chroniqueuse Emily Eden nota, « il est un progrès immense sur le dernier animal impitoyable, qui mourut en grognant dans son antre à Windsor. Cet homme au moins souhaite faire le bonheur de tous et tout ce qu'il a fait a été bienveillant ».
Guillaume limogea les chefs cuisiniers français et l'orchestre allemand de son frère et les remplaça par des Britanniques avec l'approbation du public. Il offrit la plus grande partie de la collection de tableaux de George IV à des musées nationaux et il réduisit la taille des haras royaux. George IV avait entrepris une rénovation importante (et coûteuse) du palais de Buckingham ; son frère refusa d'y habiter et il tenta de s'en séparer à deux reprises, la première en le transformant en caserne et la seconde en l'offrant au Parlement après l'incendie du palais de Westminster en 1834. Sa simplicité pouvait être surprenante : quand il se trouvait au Brighton Pavilion, le roi avait l'habitude de demander une liste de leurs clients aux hôtels et d'inviter toutes ses connaissances à dîner en insistant pour qu'ils ne se « soucient pas de leurs vêtements »
À son accession au trône, Guillaume n'oublia pas ses neuf enfants illégitimes et il éleva son fils aîné au titre de comte de Munster et accorda à ses autres enfants la préséance du jeune fils (ou fille) d'une marquise. Malgré cela, ses enfants l'importunaient souvent et la presse rapportait que l'« impudence et la rapacité des FitzJordans sont sans équivalents ». Les relations entre Guillaume et ses fils « étaient ponctuées par une série de querelles sauvages et douloureuses, du moins pour le roi » sur des questions d'honneur et d'argent69. Ses filles se révélèrent néanmoins un atout pour la cour car « elles sont toutes jolies et pleines d'entrain et animent la haute-société d'une manière inaccessible aux véritables princesses ».
Après le passage de cette réforme, Guillaume IV n'intervint plus qu'une seule fois en politique, en 1834 lorsqu'il devint le dernier monarque britannique à choisir un premier ministre contre la volonté du Parlement. En 1834, le gouvernement devait faire face à une impopularité grandissante et Lord Grey démissionna ; le secrétaire d'État à l'Intérieur, Lord Melbourne le remplaça. Ce dernier conserva l'essentiel de l'équipe gouvernementale et son gouvernement reçut le large soutien de la Chambre des Communes. Le roi détestait certains membres du cabinet du fait de leurs politiques socialistes. L'année précédente, Grey avait déjà présenté une loi réformant l'église d'Irlande protestante. L'église collectait la dîme dans toute l'Irlande, possédait plusieurs évêchés et était riche mais moins d'un huitième de la population irlandaise appartenait à cette église. Dans certaines paroisses, il n'y avait aucun membre de l'église mais il y avait un prêtre payé par la dîme collectée auprès des catholiques et des presbytériens locaux ; cela entraînait des accusations selon lesquelles des prêtres oisifs vivaient dans le luxe aux dépens des Irlandais dans la pauvreté. La loi de Grey réduisit le nombre d'évêchés de moitié, abolit certaines sinécures et restructura le système de dîme. D'autres mesures pour récupérer les revenus de l'Église d'Irlande furent présentées par les plus radicaux du gouvernement dont John Russell. Le roi n'avait que du mépris pour Russell et le qualifiait de « dangereux petit radical ».
En novembre 1834, le leader de la Chambre des communes et chancelier de l'Échiquier, John Charles Spencer, hérita d'une pairie et il passa de la Chambre des Communes à la Chambre des lords. Lord Melbourne dut nommer un nouveau leader de la Chambre et un nouveau chancelier (qui par tradition doit être issu de la Chambre des Communes) mais le seul candidat que Lord Melbourne considérait comme convenable était John Russel et ce dernier était rejeté par Guillaume (et d'autres) du fait de ses politiques radicales. Guillaume avança que le gouvernement avait été irrémédiablement affaibli par le départ de Spencer, qui avait auparavant annoncé qu'il quitterait la politique s'il recevait une pairie, comme prétexte pour la démission complète du gouvernement. Sans Lord Melbourne, Guillaume choisit de confier le pouvoir à un tory, Robert Peel. Comme Peel se trouvait alors en Italie, le duc de Wellington fut nommé premier ministre provisoire. À son retour, Peel se vit dans l'impossibilité de gouverner du fait de la majorité whig à la Chambre des Communes. Par conséquent le Parlement fut dissous pour organiser des élections. Les tories remportèrent plus de sièges qu'en 1832 mais ils restaient en minorité. Peel resta en fonctions pour quelques mois mais il démissionna à la suite d'une série de défaites parlementaires. Lord Melbourne redevint premier ministre et le resta jusqu'à la fin du règne de Guillaume et le roi fut forcé d'accepter Russell au poste de leader de la Chambre des communes.
Le roi avait des relations mitigées avec Lord Melbourne. Le gouvernement de Melbourne présenta des mesures pour introduire une plus grande démocratie comme une dévolution des pouvoirs au conseil législatif du Bas-Canada ; le roi s'en inquiéta car il craignait que cela n'entraîne la perte éventuelle de la colonie. Initialement, le roi s'opposa vivement à ces propositions et il déclara au gouverneur-général du Canada, Archibald Acheson, « faîtes attention à ce que vous faites au Canada… Attention, le Cabinet n'est pas mon Cabinet ; ils feraient bien de faire attention ou par Dieu, je les limogerai ». Lorsque le fils de Guillaume, Augustus Fitzclarence demanda à son père si le roi organiserait une réception lors de la course de chevaux d'Ascot, Guillaume répondit, « je ne peux pas organiser un dîner sans inviter les ministres et je préférerais voir le diable plutôt que l'un d'eux dans ma maison100 ». Néanmoins, Guillaume approuva les recommandations de réforme du Cabinet. Malgré ses désaccords avec Lord Melbourne, le roi félicita le premier ministre pour son acquittement dans l'affaire d'adultère qui l'opposait à Caroline Norton ; il lui avait interdit de démissionner au début de l'affaire. Les deux hommes finirent par trouver un modus vivendi et Guillaume réalisa que son premier ministre était bien moins radical que ce qu'il avait craint.
Le roi et la reine aimaient profondément leur nièce, la princesse Victoria de Kent. Leurs tentatives pour forger une relation proche avec la fille furent entravées par les tensions entre le roi et sa mère, la duchesse de Kent. Le roi, irrité par ce qui ressemblait à un manque de respect de la duchesse pour son épouse, saisit l'opportunité dans ce qui se révéla son dernier banquet d'anniversaire en juillet 1836 de régler la discorde. S'adressant à l'assemblée, dont la duchesse et la princesse Victoria, Guillaume exprima son espoir de vivre jusqu'à la majorité de la princesse Victoria pour que la duchesse de Kent ne soit jamais régente. Il déclara « Je fais confiance à Dieu pour que ma vie soit épargnée pour neuf mois de plus… Je pourrais alors avoir la satisfaction de laisser l'exercice de l'autorité royale à l'autorité personnelle de cette jeune dame, héritière présomptive de la Couronne et non dans les mains d'une personne maintenant proche de moi entourée par des conseillers malfaisants et elle-même incompétente pour agir avec rectitude dans la situation dans laquelle elle serait placée103 ». Le discours fut si violent que Victoria fondit en larmes tandis que sa mère resta assise en silence et fut difficilement persuadée de ne pas partir immédiatement après le dîner. Cet élan de Guillaume contribua certainement à la vision tempérée de Victoria à son égard, « un vieil homme gentil mais excentrique et singulier ». Bien que gravement malade, Guillaume vécut jusqu'au mois suivant la majorité de Victoria. Cette dernière écrivit alors qu'il mourrait, « Pauvre vieil homme, Je suis désolée pour lui, il était toujours gentil avec moi ».
Guillaume fut « très touché et affecté » par la mort en couches de sa fille aînée, Sophia, en avril 1837. Guillaume et son fils aîné, George, n'étaient plus en bons termes à ce moment mais Guillaume espérait qu'une lettre de condoléances de George permettrait une réconciliation. Ses espoirs ne furent pas comblés et George qui considérait qu'il n'avait pas reçu suffisamment d'argent resta amer jusqu'à la fin.
La reine Adélaïde resta en permanence auprès de Guillaume mourant et elle n'alla pas se coucher durant plus de dix jours108. Guillaume IV mourut d'une insuffisance cardiaque le matin du 20 juin 1837 au château de Windsor où il fut enterré. Comme il n'avait aucun enfant légitime, la Couronne du Royaume-Uni passa à la princesse Victoria de Kent, le seul enfant d'Édouard-Auguste de Kent, le quatrième fils de George III. Selon la loi salique, une femme ne pouvait pas gouverner le Hanovre et la couronne hanovrienne alla au cinquième fils de George III, Ernest-Auguste, duc de Cumberland. La mort de Guillaume mit donc fin à l'union personnelle du Royaume-Uni et du Hanovre qui existait depuis 1714. Les principaux bénéficiaires de son testament furent les huit enfants qu'il avait eu avec Mme Jordan51. Bien que Guillaume ne soit pas l'ancêtre direct des souverains ultérieurs du Royaume-Uni, il compte de nombreux descendants connus de par sa famille illégitime avec Mme Jordan, dont le premier ministre David Cameron109, l'auteur et homme d'État Duff Cooper110 et le duc de Fife, qui épousa la petite-fille de la reine Victoria, Louise.



