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Tower of London

Pour moi, un grand château anglais c’est une forteresse, un palais, une résidence et un symbole de puissance, de majesté et de peur. Depuis un millénaire, les châteaux façonnant les pays de la Grande-Bretagne. Ces édifices remarquables ont abrités les plus grands héros, mais aussi les plus grands bandits de l’histoire du pays. Beaucoup de dressent encore fièrement et regorgent d’histoires incroyables de guerres, de trahisons, de complots et même de meurtre.

 

Aujourd’hui je vais partir à la découverte du plus ancien et plus célèbre jamais construit. Une forteresse, une prison et un lieu d’exécution. Bâti pour inspirer la peur chez tous ceux qui entraient ici. Imaginez Londres, l’une des plus grandes capitales au monde, vaincue, asservie et envahie par un pays voisin. Et imaginez cet envahisseur asseoir son pouvoir en construisant quelque chose de nouveau, de terrifiant et d’écrasant. Un gigantesque ouvrage militaire, conçu par l’occupant pour afficher son pouvoir et d’effrayer la population. Ce monolithe menaçant venait d’un autre monde, mais ce n’était pas de la science fiction, c’était très réel. Aujourd’hui, la Tour de Londres est le site touristique le plus visité de Grande-Bretagne. Mais au XIème siècle, c’est l’arme de pointe d’une nouvelle élite dirigeante. Bien sûr, elle n’a pas été construite par les petits hommes verts. C’est l’œuvre de l’un des rois les plus impitoyables de l’histoire anglaise, Guillaume le Conquérant. Guillaume est le fils illégitime de l’héritier du duc de Normandie.

 

Il descend donc des Vikings, et tout comme bon Viking, il aime voguer vers de nouvelles terres et s’en emparer. En 1066, il jette son dévolu sur l’Angleterre, il monte une armée qui traverse la Manche et bat son rival Saxon Harold lors de la bataille d’Hastings. L’invasion Normande peut être le plus grand tournant dans l’histoire de l’Angleterre à commencer. Après la bataille, Guillaume et son armée se précipitent vers Londres, ils font le tour de la ville en brûlant tout sur leur passage. C’est une impressionnante démonstration de force et ca marche. En quelques semaines les citoyens terrorisés de Londres, se rendent sans même combattre. Le jour de Noël 1066, Guillaume, duc de Normandie, est couronné roi d’Angleterre à l’abbaye de Westminster. Mais c’est plus que de l’insolence prise de pouvoir d’un arriviste étranger, c’est le début d’une conquête qui va bientôt s’étendre à tout le pays. Et au coeur de cette conquête, Guillaume fait construire toute une série de grands châteaux pour intimider la population et lui montrer qui est le nouveau patron. La pièce maîtresse de ses constructions, est une imposante structure en pierre appelée la Tour Blanche, elle surplombe la ville et son emplacement n’a pas été choisie au hasard. Guillaume construit ces châteaux sur les fondations d’édifices vieux d’un millénaire qui ont été bâtis par la dernière grande civilisation à avoir envahi l’Angleterre, les Romains.

 

Les Normands ont construits leurs bâtiments sur des ruines Romaines, le mot d’ordre était de construire des châteaux en pierre, comme disait les Romains, il est venu, il a vu, il a vaincu. En fait, il voulait devenir le nouvel empereur du pays. L’exemple typique, c’est le château de Colchester, c’est sûrement le tout premier château en pierre construit par les Normands en Angleterre, suivi de près par la Tour de Londres. Et puis à Londres, Guillaume a bâti cet immense château en pierre qu’était le siège de son pouvoir au sein de la capitale. Il existe une autre histoire sur ces deux châteaux. On pense que l’architecte des deux châteaux était l’évêque de Rochester, un homme qui s’appelait Gondulf, apparemment Tolkien, le célèbre auteur du “Seigneur des anneaux”, qui était un grand philologue, a pris le nom de Gondulf et l’aurait transformé en Gandalf, et en plus il a appelé le second volet de la trilogie “Les deux tours”. Mais bien avant que le Tour de Londres n’inspire Tolkien, elle a joué un grand rôle politique lors de la conquête. Guillaume l’a construite en pierre pour envoyer un message fort aux habitants, les Normands ne sont pas prêt de partir.

La Tour Blanche s’élève à 27 mètres de hauteur et ses murs font 4,5 mètres d’épaisseur, elle tient sont nom de ses pierres blanches blanchies à la chaux qui se voyaient à des kilomètres à la ronde. Les londoniens n’avaient jamais rien vus de tel. Les soldats étrangers lourdement armés se tenaient derrière ses épais murs de pierre. Tout cela envoyait un message clair. Le château n’a été conçu que dans un seul but, préserver le pouvoir royal. Aujourd’hui difficile de dire où se trouve le pouvoir à Londres, est-il de l’autre côté de la rivière à l’Hôtel de Ville dans le bureau du maire, entre les mains des politiciens à Westminster ou entre celles des financiers à la City. Au XIème, ça faisait aucun doute, le pouvoir se trouvait ici dans cette énorme forteresse carré qui avait atterri là tel un vaisseau spatial extraterrestre menaçant. La construction de la Tour situé près de la ville la plus importante d’Angleterre a duré près d’un quart de siècle, mais çà en valait la peine. Guillaume est le nouveau patron et la Tour blanche est là pour le prouver. Désormais plus personne n’osera à Londres désobéir un nouveau chef. Ca semble difficile à imaginer aujourd’hui mais ca ne l’est pas tant que çà. Si vous voulez avoir une meilleure idée de la façon dont la Tour dominait la capitale et intimidait les londoniens, le mieux c’est de trouver son équivalent du XXIème siècle. Voici le Shard, le plus haut gratte-ciel de Grande-Bretagne avec ses 72 étages, il s’élance au-dessus de Londres faisant de l’ombre à tout ce qui se trouve autour, un peu comme la Tour Blanche à son époque. La vue d’ici est absolument stupéfiante, c’est nuageux et pourtant on voit encore jusqu’à une vingtaine de kilomètres de distance dans toutes les directions. C’est exactement ce que devait ressentir un roi Normand ou Plantagenêt qui observait la ville médiévale du haut de la Tour Blanche. D’ici la Tour Blanche à l’air minuscule, mais il faut imaginer la ville sans tout ces bâtiments modernes et cela représentait disons aux XIIème siècle, quand William Five Stevens a écrit sa célèbre description de la capitale. Il a notamment décrit la Tour de Londres posté à l’est de la ville qui se dressait au-dessus d’anciennes fondations et dont le mortier était émasculé de sang. Ca c’était l’est ensuit en suivant l’ancien mur de Londres qui englobe la City, on tombait sur la cathédrale de St Paul, qui s’élevait au centre, et de l’autre côté en bas on voit Westminster.C’était comme aujourd’hui un vrai village politique, mais le plus important c’était ces 2 points : la Tour de Londres et Westminster, deux hauts lieux de pouvoir, d’ailleurs au Moyen-Age à chaque couronnement le futur roi partait en procession de la Tour de Londres jusqu’à Westminster pour se faire introniser dans l’abbaye. C’était une cérémonie en grande pompe purement politique.

 

Dans les années qui suivent la conquête Normande, Londres se développe rapidement. A la fin du XIIIème siècle, sa population atteint plus de 100 000 habitants. Et à mesure que la ville grandit, la Tour assoit sa suprématie. Et c’est cette tension entre la Tour et les citoyens qui est venu au coeur de notre histoire. En période faste et prospère tout partait de la Tour mais en temps de chaos et de crise, c’est là qu’on trouvait refuge. Ce château n’a pas été seulement conçu pour intimider les gens du peuple, c’était aussi un lieu ou on pouvait leur échapper. Au XIème siécle, Guillaume le Conquérant construit la Tour Blanche comme symbole du pouvoir Normand. Sous les rois qui lui succèdent, la Tour devient plus imposante, plus puissante et encore plus menaçante. Au XIIIème siècle, Henry III agrandit le château au nord et à l’est avec une courtine. Et il transforme l’intérieur en un palais royal confortable. D’ailleurs c’est ainsi qu’il est restauré aujourd’hui. Mais les plus grands développement qui ont fait du château ce qu’il est aujourd’hui sont l’œuvre du fils d’Henry, un roi qui est à l’origine de la réputation macabre de la Tour de Londres.Edward 1er le fils d’Henry III, était un roi guerrier et l’un des plus grands bâtisseurs de châteaux de l’histoire anglaise. Il a dépensé deux fois plus d’argent dans la Tour de Londres que son père, alors qu’il y résidait rarement. Edward avait une relation compliquée avec Londres et ses habitants, et dès qu’il le pouvait, il gardait ses distances avec eux. Edward a construit un deuxième rempart concentrique pour protéger le premier et il a crée de nouvelles douves. Depuis ces travaux, le château n’a partiellement changé. Et il a envoyé un message très clair aux habitants : rester à votre place, et n’oubliez pas c’est moi votre roi. Au Moyen-Age, les châteaux ne servent pas uniquement à loger les soldats. Il s’occupe aussi des finances royales, c’est là que le roi conserve son argent et c’est là aussi qu’on emprisonne ceux qui ont essayés de lui voler. Tout royaume ancien ou moderne, repose sur un système commercial, il achète, il vend, il emprunte, il prête et il taxe. Et c’est l’argent qui est au cœur de deux événements les plus violents et les plus cruels de l’histoire de la Tour. Edward 1er passe son règne à mener des guerres onéreuses à l’étranger. Ce qui lui coûte une fortune et de ce fait, il est obsédé par la monnaie du royaume. Edward est prêt à réprimer durement ceux qui touchent à son argent. Les pièces médiévales sont faites en argent, un métal mou facile à plier et à forger. Et au Moyen-Age, l’une des techniques les plus courantes pour fabriquer de la fausse monnaie est le rognage. Cela consiste à découper les bords des pièces en argent et à faire fondre les fragments pour fabriquer de nouvelles pièces contrefaites. Techniquement comme toutes les pièces appartiennent au roi, en rognant sa monnaie c’est lui qu’on dépouille. Une pièce c’est quoi ? C’est un morceau de métal précieux dont la valeur intrasec est égale à sa valeur nominale et qui porte une marque officielle garantissant son poids et sa pureté. Tout est sur la pièce, ce penny par exemple contient la valeur d’un penny en argent. Elles doivent être toute pareille et surtout avoir le même poids. On ne comptait pas les pièces à l’époque, on les pesait. La monnaie est quelque chose qu’on prenait très au sérieux au Moyen-Age. C’était de l’argent fin, les pièces anglaises étaient réputées dans le monde entier. Parce qu’elles étaient pures et régulières, c’était de la bonne qualité, elles avaient un bon poids et le métal était très pure. Ce qui explique le sort réservé aux faussaires, oui c’était de la trahison. Les pièces rognées inondaient le marché et provoquent aucune inflation. Les marchands étrangers deviennent réticents à faire des affaires avec les anglais. Et beaucoup moins d’impôts rentrent dans les caisses. Alors en 1278, Edward décide de reprendre la main sur l’argent de son royaume, et la Tour va jouer un rôle essentiel dans son projet. Comme il résidait très rarement dans la Tour de Londres, il a décidé d’y installer l’Hôtel royal de la monnaie, c’était ici sur Mint Street, sur une rue qui longe la Tour de Londres sur trois côtés. C’était une opération énorme. Ainsi Edward parvient à améliorer l’apparence de ces pièces. Mais il veut aussi un bouc émissaire à punir pour la fraude généralisée. Et il en trouve un dans la communauté la plus vulnérable d’Angleterre, une minorité opérante dans la finance et le prêt d’argent, les juifs. Edward tenait tout le monde pour responsable de la fraude, mais surtout les juifs. Au cours des années 1170, il leur avait déjà infligé un impôt punitif pour freiner leurs activités commerciales. Mais en novembre 1278, il s’est mis à accuser toute la population juive du pays de rognage et il a emprisonné 700 juifs ici dans la Tour. Sur la centaine de juifs emprisonnés à la Tour, près de la moitié ont été pendus. En fait, pour un chrétien exécuté pour rognage, 10 juifs subissaient le même sort. Et à peine une décennie plus tard, Edward a promulgué un édit d’expulsion bannissant tous les juifs d’Angleterre. Il est resté en vigueur pendant presque 500 ans. C’est le pire massacre de juifs de l’histoire britannique. Mais la société anglaise du Moyen-Age est elle aussi férocement antisémite, et elle fait peu de cas des actes d’Edward 1er, qui en plus permet à Edward de renforcer l’image terrifiante de la Tour de Londres.

 

A la fin du règne d’Edward, plus personne n’ose remettre en question l’autorité de la Tour. Pourtant, un siècle plus tard, la réputation du château va voler en éclats, lorsqu’il se retrouvera au centre du grand soulèvement populaire du pays : la révolte des paysans. Dans la deuxième moitié du XIVème siècle, l’Angleterre est en crise. Le nouveau roi, Richard II n’a que 14 ans et le pays est gouverné par ses conseillers, à leur tête, le Lord Chancellier et archevêque Simon Sudbury. Mais sa gestion du pays est désastreusement et partout en Angleterre la menace d’une révolte grande. En 1381, les gens se plaignent des mêmes choses qu’aujourd’hui : la guerre, la mort, l’argent. Ca fait des générations sont en guerre avec la France, et la peste a décimé près de la moitié de la population. Et en plus de çà, un impôt par tête est mis en place et tout le monde doit le payer, les vieux comme les jeunes, les riches comme les pauvres. En 4 ans, pas moins de 3 impôts vont être instaurés. Les impôts par tête représentent l’insulte suprême pour un pays qui en a plus qu’assez. Le 13 juin 1381, des milliers de protestataires menés par le rebelle du Kent, White Tyler, entrent dans Londres. Ils brûlent les prisons et les hautes justices, ils décapitent toute les personnes associées au gouvernement et empilent leurs corps dans la rue. Puis le lendemain matin, Tyler et les rebelles se tournent vers le principal symbole du pouvoir politique. La Tour de Londres est le point de mire des rebelles, pourquoi ? Ils ne cherchent pas à piller les somptueux appartements, ni à dérober les joyaux de la couronne ou même l’argent de l’Hôtel de la monnaie. Ils ne cherchent pas non plus à capturer le roi, encore adolescent Richard II, et çà tombe bien puisque ce jour là, il n’est même pas dans la Tour. Ce qu’ils veulent réellement ce sont les traîtres qui ont instaurés les impôts par tête, c’est comme si aujourd’hui les londoniens se rendaient au domicile du premier ministre pour le kidnapper. L’archevêque Sudbury sait que les rebelles veulent sa peau. Terrifié, lui et ses ministres se précipitent vers la Tour. Blanche, et se cachent dans la chapelle ou ils se mettent à prier pour leurs saluts. L’archevêque Sadbury, et d’autres ministres royaux se sont réfugiés dans la Tour parce que c’est censé être l’endroit le plus sûr de Londres mais quand la foule en colère la prend brusquement d’assaut c’est devenu l’endroit le plus dangereux de la capitale. Sudbury se cachait dans cette chapelle quand les rebelles l’ont trouvés, il avait célébré la messe le matin même et il récitait désormais ces dernières prières. La plupart des traîtres ont été amenés dans la Tour mais Sudbury lui a été emmené ailleurs. Il est traîné jusqu’à la Tower Hill où il est décapité. Sa tête est placé sur une pique et coiffé de sa mitre d’évêque pour faire bonne mesure. Pour un groupe de paysans ordinaires, kidnappé celui qui était ministre de l’époque dans la plus grande forteresse du pays et lui trancher la tête à Tower Hill, c’était quelque chose d’incroyable. C’était un peu le communisme 600 ans avant l’heure. Le lendemain, le jeune roi rencontre les rebelles pour écouter leurs doléances. Mais l’entrevue sombre dans la violence. Tyler fait un pas vers le roi, mais il se fait empoigné par un des hommes de Richard, qui lui porte un coup d’épée fatale. Le roi a échappé de peu à une révolution. La révolte des paysans est l’un des épisodes le plus effroyables de l’histoire anglaise. Londres a terminé en feu, le tête du chancelier a fini au bout d’une pique et la puissante Tour Blanche s’est retrouvée à la merci d’une bande de villageois. Quelles leçons tirées de tout cela, et bien, quand on travaille le peuple c’est à ses risques et périls. Et cette épisode nous rappelle également que comme tout château la Tour de Londres n’est puissante que si la personne qui l’occupe l’est aussi.

 

Mais la Tour de Londres survit et retrouve rapidement sa réputation de forteresse menaçante. D’ailleurs un siècle plus tard, elle deviendra la scène d’un des crimes les plus infâmes et mystérieux de la Grande-Bretagne. La Tour blanche bâtie par Guillaume le Conquérant est d’abord une arme militaire pointée sur la ville de Londres. Puis au fil des siècles, elle raffermit son pouvoir et son prestige. Les rois restés dans la Tour la veille de leur couronnement et ils se repliaient derrière ses murs pour survivre au période de rébellion et de guerre. Mais parfois, les rois entraient dans la Tour et n’en ressortaient jamais. L’histoire des deux princes et l’un des plus grands mystères de la Tour, elle fascine depuis des siècles et on comprend pourquoi. C’est une énigme digne d’un roman policier. Un crime qui a changé le cours de l’histoire et qui n’a jamais vraiment été résolu. Les deux princes sont les rois Edward V, âgé de 12 ans et son frère Richard, duc d’York âgé de 10 ans. En 1483, leur père Edward IV meurt soudainement à l’âge de 40 ans. L’oncle des deux princes, le duc de Gloucester, les prend rapidement sous sa garde et les installe à la Tour. Il affirme être leur protecteur et promet de diriger le royaume en leur nom. Mais très vite, ces plans changent. Il déclare les deux princes illégitimes et se fait couronner roi, prenant le nom de Richard III. Les garçons ne sont plus confinés dans la Tour pour leur propre sécurité, ils sont prisonniers. Pendant quelques semaines, les passants voient le jeune Edward et son frère, jouer dans les jardins du château. Mais au bout d’un certain temps, les serviteurs sont renvoyés et les garçons disparaissent peu à peu de la vie publique. Puis au bout de 2 ou 3 mois de règne, les neveux de Richard disparaissent complètement. On ne les reverra jamais. Pendant des siècles, le sort des garçons reste un mystère, la plupart des écrivains de l’époque Tudor accusent Richard III, y compris William Shakespeare qu’il décrit comme un assassin bossu et diabolique, voleur de couronne. Richard III était-il réellement un meurtrier ? Ca encore difficile de la prouver. Mais tout à coup de nouveaux indices troublant vont refaire surface. Des indices cachés profondément dans la Tour de Londres. Au XVIIème siècle, sous le règne de Charles II, des ouvriers sont entrain de rénovés la Tour lorsqu’ils découvrent les dépouilles de 2 enfants cachés sous l’escalier. Quand Charles II apprend que les ossements ont été retrouvés, il ordonne qu’on les inhume dans la dignité royale, c’est pour çà aujourd’hui qu’ils se trouvent ici à l’abbaye de Westminster, dans ce magnifique cercueil réalisé par le grand architecte Christopher Wren, et dessus l’inscription qui accuse directement Richard III. Elle dit qu’il a étouffé les princes avec un oreiller et qu’il a usurpé le trône. Le corps de Richard III a été retrouvé en 2012 sous un parc de stationnement à Leicester. Et ses os ont fait l’objet de toutes les analyses scientifiques possibles et inimaginables. En revanche, ce cercueil n’a pas été ouvert depuis les années 30, il y a presque un siècle. Quant on l’a ouvert, on a retrouvé à l’intérieur 2 squelettes d’enfants, mais depuis on n’a jamais eu l’autorisation de les soumettre à des analyses scientifiques modernes, et tant qu’on aura pas cette autorisation le mystère des princes de la Tour restera entier. Même si l’énigme des princes de la Tour n’est jamais résolue, çà restera l’un des épisodes les plus tristement célèbres de l’histoire britannique et une part important de l’héritage de la Tour de Londres. Mais un chose est sûre, les princes n’étaient pas les premiers prisonniers à souffrir dans ce château, et non certainement pas été les derniers.

 

2 millions de touristes viennent ici chaque année pour visiter l’une des prisons les plus célèbres de l’histoire. Mais où est la prison ? Il n’y a pas de cachots ici, il n’y a même pas de salle de torture et pourtant au fil des ans, de nombreuses personnes ont été emprisonnés dans cette forteresse de Rainulf Flambard, le tout premier prisonnier de la Tour et le premier évadé, aux jumeaux Kray, mais pour avoir essayés d’échapper aux services militaires. L’expression anglaise « envoyer à la Tour » qui veut dire emprisonner n’est pas devenu célèbre pour rien. Mais à l’époque des Tudors, la Tour se forge une nouvelle réputation, désormais elle ne sert plus seulement de prison, elle sert aussi de lieu d’exécution. Et un roi anglais aime tout particulièrement y envoyer ses victimes ici. Cette énorme armure a appartenu au roi le plus célèbre d’Angleterre, henry VIII. Quand on la voit on comprend tout de suite qui était Henry. C’était un homme corpulent, imposant et très viril, à en juger par cette proéminence particulièrement mise en valeur. Cette armure a appartenu à Henry et vers la fin de sa vie en 1540, quand il était devenu obèse, malade, irritable et tyrannique. C’est ce Henry que je veux associer à la Tour de Londres parce que ce n’était pas sa forteresse, son palais ni même son terrain de jeux, c’était sa prison personnelle où il enfermait ceux qu’il considérait comme des traîtres. Henry a exécuté des douzaines de personnes durant son règne. Des ducs et des comtesses, des moines et des nonnes, des vieilles femmes et de jeune homme, des épouses, des cousins et des ministres. Mais personne n’a provoqué en lui une soif de sang aussi frénétique et inconsidéré que l’un de ses plus fidèles serviteurs, Thomas Moore. Thomas Moore est un véritable homme de la renaissance. Il est Lord chancelier et l’un des plus proches conseillers d’Henry. C’est une figure aussi profondément spirituelle, philosophe, puriste et un célèbre écrivain. Mais ces principes intellectuels l’amèneront à s’opposer rigoureusement à son monarque. En 1533, Henry divorce de sa première de ses 6 femmes, Catherine d’Aragon, et épouse sa deuxième femme, Anne Boleyn. Moore désapprouve totalement et décide de démissionner de la chambre des communes en signe de protestation, même s’il sait que cela rendra Henry furieux. En tant que fervent chrétien et homme de principe, Moore ne peut pas accepter qu’Henry défie le pape en divorçant de Catherine et en faisant d’Anne sa nouvelle reine. Mais étant l’un des plus puissants ministres du roi, il ne veut pas non plus le contrarier. Alors au début, il se mord les lèvres et se tait. Seulement ensuite, le Parlement vote un acte de scission qui confirme que Anne est la reine légitime et que ces enfants seraient les héritiers de la couronne. Et le roi exige que tout le monde y compris Moore prête serment pour reconnaître cet acte. Tiraillé entre sa loyauté pour l’église et son allégeance à son roi, Moore se retrouve dans une position impossible et désespéré. Doit-il suivre les ordres de son maître ou rester fidèle à ses principes chrétiens. Ici dans la chapelle privée de l’église de Chelsea, Moore prie pour que dieu le guide. Mais lorsqu’il est convoqué par l’archevêque de Canterbury, on lui pose un ultimatum : obéir au roi ou en subir les conséquences. On présente à Moore l’acte de scission, il le lit en silence. Mais il ne peut pas prêter allégeance, alors pour utiliser cette expression tristement célèbre, il est envoyé à la Tour. L’endroit où Moore était détenu fait débat, mais beaucoup de gens pensent qu’il était emprisonné ici au sous-sol de la Tour de la Cloche, près de l’actuelle résidence du connétable, normalement cette zone est interdite au public. En un sens, cette cellule dépouillée avec ses murs en grès et son haut plafond voûté ressemble un peu à une chapelle. En tant que prisonnier d’opinion, Moore passe plusieurs mois ici à réfléchir à sa vie et sans doute à sa mort. Au début les conditions de détention de Moore ne sont pas si mal, il a le droit de lire, d’écrire, de recevoir des visites et de se promener dans l’enceinte du château. Ca ressemble plus à une assignation à résidence qu’un séjour dans un cachot. Mais quelques mois plus tard, le Parlement vote un nouveau acte faisant d’Henry VIII le chef suprême de l’église d’Angleterre. Rompant avec l’autorité du pape, pour Moore la pression s’accroît. Ils ont beaux être amis de longue date, Henry est bien décidé de briser Moore et de le forcer à obéir. Moore qui est alors un des hommes les plus respectés du pays, se rapproche doucement de la mort. Il décrit lui-même ce qui l’attend. Cette collection est un ensemble de transcription du XVIème siècle des œuvres de Thomas Moore. On sait de quoi est accusé Moore mais quel est son sentiment, il en parle dans ses œuvres ? Là, il dit va perdre tous ses biens, ses terres, l’accusé sera réputé de devoir restituer tout bien accorder par notre souverain et ses héritiers. Ca veut dire qu’henry reprend tout ce qu’il a donné à Thomas Moore au fil des années, quand Moore était acquis à sa cause, il est ruiné. Oui il perd absolument tout. Et plus personnellement, sur cette page on peut lire : il devra aussi subir les affres de l’emprisonnement de son corps. Alors cette fameuse expression « envoyer à la Tour », c’est pour le reste de sa vie. C’est le côté cruel d’Henry, avec Moore, il a vraiment été monstrueux. En mai et juin 1535, on rend visite à Moore pour essayer de lui faire prêter le serment d’allégeance. Mais pour Moore, c’est un vrai cas de conscience. D’un côté c’est un fervent catholique et de l’autre un fidèle sujet du roi. Comme il dit cet acte du Parlement est une arme à double tranchant, car si l’homme s’engage dans un sens il perd son âme et s’il s’engage dans l’autre sens, il perd son corps. Autrement dit, il est condamné dans les deux cas. Enfin de compte quand on le poussera à prêter serment, Moore restera silencieux. Le 1er juillet 1535, Thomas Moore est emmené à Westminster où il est jugé pour haute trahison. Ces accusateurs ne délibèrent que 15 minutes avant de rendre leur verdict. Moore est déclaré coupable de trahison et est condamné à être pendu, éviscéré et écartelé. Puis il est reconduit par bateau à la Tour pour y attendre son châtiment. Moore a défié le roi, il est renvoyé dans cette pièce pour méditer sur le terrible sort qui l’attend. La veille du jour prévu pour son exécution, il écrit une dernière lettre à sa fille bien aimée, Margaret. Qu’est-ce que Moore a écrit à sa fille ? Il écrit : « je n’ai jamais tant aimé tes manières avec moi que lorsque tu m’embrassas pour la dernière fois, car j’aime lorsque l’amour d’une fille pour son père et la pure générosité sont de pure courtoisie. » Il fait référence à ce moment juste après le procès et sa condamnation à mort, ou on le reconduisait à la Tour sous bonne escorte. Margaret l’attendait et quand elle l’a vu, elle a forcé le barrage de soldat pour l’embrasser et l’étreindre une dernière fois. Et visiblement ce geste a beaucoup touché Moore. Et ca lui a apporté un grand réconfort. Elle avait l’air de vraiment le comprendre, et de comprendre pourquoi il avait été incapable de prêter ce serment d’allégeance, elle l’a soutenue dans son choix, grâce à cette lettre, on imagine parfaitement Moore prendre la plume alors qu’il est emprisonné dans la Tour de Londres. C’est à vous glacé le sang. A neuf heures, le lendemain matin, Thomas Moore quitte cette cellule pour affronter son destin. Finalement, il n’est ni pendu, ni éviscéré, ni écartelé mais simplement décapité. Ces derniers mots ont été : « je meurs en bon serviteur du roi et de dieu en premier ». L’exécution de Thomas Moore en est que le début du règne de la terreur d’Henry VIII.

 

Au fil des années, de nombreux autres nobles hommes et femmes, seront emprisonnés dans la Tour en attendant d’être exécutés. La plus célèbre de ses victimes, n’est autre que la deuxième femme d’Henry VIII, Anne Boleyn, qui se fera décapité un an après Moore. Anne Boleyn séjourne dans les appartements royaux de la Tour de Londres, la veille de son couronnement, elle sera de retour 3 ans plus tard mais cette fois-ci pour son exécution.Pour sa fille, la reine Elizabeth 1ère, c’est l’inverse, elle est d’abord faite prisonnière à la Tour de Londres par sa demie-sœur Mary 1ère, avant de retrouver la Tour quelques mois plus tard pour son couronnement. A l’époque Tudor, la trahison est un concept fluctuant. Le roi, la reine, ou le confident d’aujourd’hui peut être bien devenir le traître de demain. Mais la peur de la monarchie va commencer à s’affaiblir. Moins d’un siècle après l’exécution de Moore, la balance des pouvoirs en Angleterre change. Bientôt la domination de la Tour de Londres sera éclipsé par celle du peuple. De l’invasion Normande à l’époque Tudor, la Tour de Londres a toujours été au centre du pouvoir royal. Mais au XIXème siècle, elle commence à perdre de son emprise. Ce n’est plus le théâtre des batailles politiques, plus loin sur la Tamise, c’est le palais de Westminster qui se retrouve sur le devant de la scène. Dès lors, la Tour endosse un rôle nouveau, elle commence à attirer les touristes et ils ne sont pas là seulement pour admirer les remparts. L’une des principales attractions est un groupe de résidents quelque peut exotiques, car il n’y a pas que des hommes qui ont été enfermés dans la Tour.

 

C’est l’histoire d’un ours, et même si l’ours qui avait tué l’enfant s’en était tiré cette fois, le roi a exigé qu’on lâche les chiens sur lui. Ce qui est incroyable, c’est que ce tout petit livre est l’un des tout premiers guides connu de la Tour de Londres. Il est rempli de mini portraits d’animaux. C’est extraordinaire de se dire que pendant 600 ans, la Tour a abrité une ménagerie. C’était le principal zoo de Londres. Pendant plus de 900 ans, dès l’époque de Guillaume le Conquérant, la Tour de Londres a été un palais royal, et les rois et les reines ont toujours reçus beaucoup de cadeaux, par exemple la famille royale actuelle a déjà reçu un ours, un paresseux, un bébé crocodile, un éléphant, un cheval et un canari. En 1252, le roi de Norvège, offre à la Tour un présent très exotique, un ours polaire. Les archives royales mentionnent l’achat d’une muselière, d’une chaîne et d’une longue corde pour que l’ours puisse aller pécher dans la Tamise. Les rois du Moyen-Age ont besoin d’un endroit sécurisé pour installer les animaux qu’ils reçoivent. Alors c’est tout naturellement qu’ils choisissent le château le plus solide du pays, la Tour de Londres. Au fil des ans, la Tour abrite toute sorte d’animaux : des singes au lion de barbarie, en passant par deux babouins jaunes. Au XVIIIème siècle, la Tour de Londres ouvre sa ménagerie au public. Pour entrer, il faut payer 3 pennies ou amener un chien ou un chat pour nourrir les lions. En 1828, la Tour abrite plus de 280 animaux. Mais çà n’impressionne pas un certain Arthur Wesly, duc de Wellington, le général héroïque qui a battu Napoléon à Waterloo. A près de 60 ans, il est nommé connétable de la Tour, le vieux soldat a de grands projets pour la forteresse et les animaux sauvages n’en font pas partie, ni même la foule bruyante qui vient les voir.

 

Pour le duc de Wellington, la Tour est une caserne pour les soldats et non un cirque ou un zoo. En plus, l’endroit est crasseux, l’eau des douves est fétide, et le choléra décime les troupes. Wellington est l’un des fondateurs de la société zoologique de Londres. Alors pour lui nettoyer ce lieu implique de faire partir les animaux. Le duc de Wellington, savait qu’en installant des animaux sauvages dans une forteresse médiévale, il y avait forcément un jour un accident, et il avait raison. En 1835, un des lions aurait mutilé un soldat. Pour Wellington, s’en est trop, il déplace toute la ménagerie à Regent Park qui devient l’un des zoos les plus célèbres au monde. Wellington vide les douves et il se débarrasse des animaux et de l’Hôtel de la monnaie pour que la Tour redevienne une caserne militaire à part entière. Un des bâtiments porte son nom, et sa caserne abrite aujourd’hui les joyaux de la couronne. Et l’ironie c’est que le duc de Wellington détestait les touristes. Wellington suggère que la Tour soit interdite aux visiteurs. Pour lui, ils représentent une nuisance et une menace pour la sécurité du château. Mais heureusement pour les millions de touristes qui viennent ici chaque année, il n’a jamais eu gain de cause.

 

Pendant près de 900 ans, la Tour a dominé Londres et fasciné le monde. Aujourd’hui, cela reste la château britannique le plus célèbre de tous. En fin de compte, l’histoire de la Tour est intimement liée au peuple et elle l’a toujours été. La Tour a d’abord a été construite pour effrayer et soumettre les habitants, puis elle a été là pour les apaiser en enfermant les étrangers et les criminels. Et bien sûr, elle a été là pour les divertir en leur ouvrant les portes du zoo et en leur montrant les traîtres se faire décapiter à Tower Hill. Et encore aujourd’hui elle les diverti quand ils voient cette forteresse royale se faire envahir chaque jour par des millions de gens ordinaires qui inondent les rues de Londres.

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