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Henry III

Henri III (1er octobre 1207 - 16 novembre 1272) fut roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc d'Aquitaine de 1216 à sa mort.

 

Fils du roi Jean d'Angleterre et d'Isabelle d'Angoulême, Henri III monta sur le trône à l'âge de neuf ans alors que la première Guerre des barons faisait rage. La mort de son père apaisa néanmoins les tensions et les forces royales, menées par Guillaume le Maréchal, battirent les rebelles soutenus par les Français à Lincoln et à Sandwich en 1217. Henri III promit de respecter la Grande Charte limitant les pouvoirs royaux et garantissant les droits des nobles que son père avait tenté d'abroger. Le début de son règne fut dominé par ses conseillers Hubert de Burgh et Pierre des Roches qui restaurèrent l'autorité du roi après la guerre. En 1230, il tenta de reprendre la Normandie perdue par son père mais l'invasion fut un échec et une révolte menée par Richard le Maréchal l'obligea à signer un traité de paix avec le roi Louis IX de France.

À la suite de ce soulèvement, Henri III gouverna seul l'Angleterre sans passer par ses conseillers. Il voyagea moins que ses prédécesseurs et dépensa sans compter sur ses résidences préférées. En 1236, il épousa Éléonore de Provence et le couple eut cinq enfants. Le roi était connu pour sa piété et il organisa de somptueuses cérémonies religieuses notamment en l'honneur d'Édouard le Confesseur qu'il adopta comme son saint patron. Une seconde tentative pour reprendre ses possessions françaises se solda en 1242 par la désastreuse bataille de Taillebourg. Par la suite, Henri III se concentra sur la diplomatie et forma une alliance avec l'empereur Frédéric II. Il soutint la candidature victorieuse de son frère Richard pour le titre de roi des Romains en 1256 mais échoua à placer son fils Edmond sur le trône de Sicile malgré d'importantes dépenses. Il envisagea de mener une croisade au Levant mais en fut empêché par des révoltes en Gascogne.

À la fin des années 1250, les lourds impôts nécessaires pour financer la diplomatie relativement inefficace du roi, ses manœuvres pour passer outre la Grande Charte et l'influence de ses proches poitevins étaient de plus en plus critiqués. Une coalition de barons menés par Simon V de Montfort organisa un coup d'État et contraignit Henri III à accepter les provisions d'Oxford imposant une plus grande limitation de ses pouvoirs et la création d'un conseil de 24 membres. L'année suivante, le traité de Paris avec la France mit fin à un siècle de conflit entre Capétiens et Plantagenêt ; le roi Louis IX reconnaissait la suzeraineté d'Henri III sur ses territoires dans le Sud-Ouest de la France et en échange, le roi anglais abandonnait ses revendications sur les autres territoires français dont la Normandie.

Les tensions entre le roi et les nobles provoquèrent la seconde guerre des barons en 1264 et Henri III fut battu et capturé par Simon de Montfort à la bataille de Lewes. Son fils aîné, Édouard, fut également fait prisonnier mais il s'échappa et battit les rebelles à la bataille d'Evesham l'année suivante. Une fois libéré, Henri III mena une répression brutale des rebelles mais l'Église parvint à atténuer les représailles. Le retour au calme fut lent et le roi dut accepter une limitation des pouvoirs de la Couronne pour conserver le soutien de la noblesse et de la population. Il mourut en 1272 et son fils aîné devint roi sous le nom d'Édouard Ier. Il fut inhumé dans l'abbaye de Westminster qu'il avait reconstruite à la fin de sa vie. Même si son règne de 56 ans en fait le quatrième plus long de l'histoire anglaise, Henri III n'a qu'une faible influence sur la culture populaire moderne.

 

Henri est né au château de Winchester le 1er octobre 1207. il était le premier fils du roi Jean d'Angleterre et d'Isabelle d'Angoulême. On sait peu de choses de son enfance. Il fut initialement confié à une nourrice appelée Ellen dans le Sud de l'Angleterre hors de la cour itinérante du roi. Henri eut quatre frères et sœurs légitimes (Richard, Jeanne, Isabelle et Aliénor) ainsi que divers collatéraux illégitimes. En 1212, son éducation fut confiée à l'évêque de Winchester, Pierre des Roches.

Les traits et l'apparence d'Henri sont mal connus ; il mesurait probablement environ 168 cm et des récits postérieurs à sa mort suggèrent qu'il avait un corps puissant avec un ptosis. Le jeune homme montra parfois un tempérament irascible mais l'historien David Carpenter le décrit comme ayant une « personnalité aimable, sympathique et enjouée ». Il était naturel, montrait facilement ses émotions et pouvait facilement être ému aux larmes par un sermon.

Au début du XIIIe siècle, le royaume d'Angleterre faisait partie d'un « empire » couvrant l'Angleterre depuis l'Écosse et le pays de Galles et les territoires continentaux de Normandie, de Bretagne, du Maine, de l'Anjou, du Poitou et de la Gascogne, issus de l'héritage des Plantagenêt, et pour lesquels le roi d'Angleterre était vassal du roi de France, devant lui prêter hommage et serment de fidélité. Ce patrimoine avait été constitué au XIIe siècle par Henri II et ses fils Richard Ier et Jean en profitant de la faiblesse de la Couronne française.

En 1204, Jean dut céder la Normandie, la Bretagne, le Maine et l'Anjou au roi Philippe II de France et le pouvoir anglais ne contrôlait plus que la Gascogne et le Poitou sur le continent11. L'accroissement des taxes pour financer des campagnes militaires destinées à récupérer les territoires perdus provoqua la colère de la noblesse anglaise ; Jean chercha de nouveaux alliés en déclarant l'Angleterre un fief de la papauté auquel il devait allégeance. En 1215, Jean et les barons rebelles négocièrent un accord pour apaiser les tensions, la Magna Carta. Le texte prévoyait la limitation des potentiels abus du pouvoir royal, la démobilisation des armées rebelles et un accord de partage du pouvoir mais aucun des partis ne respecta ses conditions. Jean et les nobles loyalistes répudièrent la Magna Carta et la première guerre des barons éclata avec les rebelles, qui firent alors appel au prince Louis de France, fils de Philippe Auguste, qui fut proclamé roi d'Angleterre à Londres en juin 1216. La situation évolua rapidement vers une impasse car aucun des deux camps n'était capable de prendre l'ascendant. Le roi tomba malade et mourut dans la nuit du 18 octobre 1216 alors qu'Henri n'avait que neuf ans.

 

Henri était en sûreté avec sa mère dans le château de Corfe dans le Dorset lorsque le roi Jean mourut. Sur son lit de mort, ce dernier avait désigné un conseil de régence composé de treize membres chargés d'aider Henri à reprendre le contrôle du royaume ; il demanda également que son fils soit placé sous la garde de Guillaume le Maréchal, l'un des plus fameux chevaliers d'Angleterre. Les loyalistes décidèrent de couronner Henri immédiatement pour renforcer sa revendication au trône. Guillaume adouba le garçon et le cardinal Guala Bicchieri, le légat apostolique en Angleterre, supervisa son couronnement en la cathédrale de Gloucester le 28 octobre. En l'absence des archevêques de Cantorbéry ou de York, il fut oint par les évêques de Worcester et d'Exeter et couronné par Pierre des Roches. La couronne royale ayant été perdue ou volée durant la guerre civile, un simple diadème en or appartenant à la reine-mère Isabelle fut utilisée durant la cérémonie.

Le jeune roi hérita d'une situation difficile car la moitié de l'Angleterre était contrôlée par les rebelles tandis que les Français occupaient la plus grande partie des territoires continentaux de son père. Il disposait néanmoins du soutien de Guala qui entreprit de renforcer les liens entre l'Angleterre et la papauté et cela commença dès le couronnement quand Henri III rendit hommage à la papauté, reconnaissant le pape comme son suzerain. Le pape Honorius III déclara qu'Henri était son vassal et son pupille et que le légat avait toute autorité pour protéger Henri III et son royaume. Par ailleurs, Henri III se déclara croisé et recevait dont une protection particulière de Rome.

Deux nobles influents se présentèrent pour présider le conseil de régence d'Henri III25. Le premier était Guillaume qui, bien qu'âgé ; était renommé pour sa loyauté et pouvait soutenir le roi avec sa propre armée. Le second était le comte de Chester, Ranulph de Blondeville, l'un des plus puissants barons loyalistes. Guillaume attendit diplomatiquement que Guala et Ranulph fassent appel à lui pour assumer les fonctions de régent. Il nomma ensuite des Roches comme gardien d'Henri III pour pouvoir se consacrer aux questions militaire.

La guerre ne se déroulait pas à l'avantage des loyalistes et le nouveau gouvernement de régence envisagea de se replier en Irlande. Malgré leurs succès, les barons rebelles ne parvenaient cependant pas à prendre définitivement le dessus. Même s'il contrôlait l'abbaye de Westminster, Louis ne pouvait être couronné roi car l'Église d'Angleterre et la papauté soutenaient Henri III. La mort de Jean avait apaisé certaines craintes des rebelles tandis que les loyalistes contrôlaient encore plusieurs châteaux dans les zones occupées. Henri III tenta d'exploiter cela en encourageant les barons à se rallier à lui en échange de la rétrocession de leurs terres et de la promulgation d'une nouvelle version de la Magna Carta non sans avoir retiré certaines des clauses dont celles défavorables à la papauté. Cette tactique échoua et l'opposition à Henri III se poursuivit.

En février, Louis se rendit en France pour rassembler des renforts. En son absence, les divisions s'accrurent entre ses partisans français et anglais tandis que le cardinal Guala déclara que la lutte d'Henri III contre les rebelles était une croisade religieuse. Cela provoqua une série de défections dans le mouvement rebelle et la guerre tourna à l'avantage des loyalistes. Le retour de Louis en avril renforça sa cause et il divisa ses forces en deux : une fut envoyée au nord pour assiéger le château de Lincoln et la seconde resta dans le Sud pour capturer le château de Douvres. Ayant appris la scission des forces rebelles, Guillaume le Maréchal décida de marcher vers le nord et d'attaquer Lincoln. Ses troupes entrèrent dans la ville le 20 mai et capturèrent un grand nombre de chefs rebelles. L'historien David Carpenter écrivit que cette victoire fut « l'une des plus décisives de l'histoire anglaise ».

La campagne loyaliste s'arrêta après la bataille de Lincoln et ne reprit qu'à la fin du mois de juin après la rançon des prisonniers. Dans le même temps, le soutien français à la campagne de Louis s'affaiblit et il conclut que la guerre était perdue. Le prince français proposa au cardinal Guala de renoncer à sa revendication au trône d'Angleterre en échange de la rétrocession des terres de ses partisans, la fin des excommunications et la promesse que le gouvernement d'Henri III appliquerait la Magna Carta. Cette proposition de paix fut rejetée par certains loyalistes qui considéraient qu'elle était trop favorable aux rebelles, en particulier envers le clergé qui avait rejoint l'insurrection. En l'absence d'un accord, Louis resta à Londres avec ses derniers partisans.

Le 24 août 1217, une flotte française transportant des renforts et du ravitaillement pour les forces rebelles arriva près de Sandwich dans le Kent. Hubert de Burgh, le justiciar d'Henri III, prit la mer pour l'intercepter et durant la bataille de Sandwich, le navire amiral français fut capturé et son capitaine Eustache le moine fut exécuté. Lorsque Louis apprit la défaite, il entama de nouvelles négociations. Henri III, Isabelle, Louis, Guala et Guillaume s'accordèrent finalement sur ce qui devint le traité de Lambeth ou de Kingston signé le 12 et le 13 septembre. Le texte était similaire à la proposition précédente mais il excluait les ecclésiastiques rebelles dont les terres et les offices restaient confisqués. Louis accepta un don de 6 666 livres pour accélérer son retour en France et il promit d'essayer de convaincre le roi Philippe II de rendre les terres d'Henri III en France. Il quitta l'Angleterre comme promis et rejoignit la croisade des albigeois dans le Sud de la France.

Henri III assuma formellement ses fonctions gouvernementales en janvier 1227 même si certains contemporains ont avancé qu'il était légalement resté un mineur jusqu'à son 21e anniversaire l'année suivante. En récompense de ses services durant sa régence, le roi accorda le titre de comte de Kent à Hubert de Burgh et lui offrit de vastes domaines en Angleterre et au pays de Galles. Malgré sa majorité, Henri III resta très influencé par ses conseillers durant les premières années de son règne et il maintint Hubert au poste de justiciar.

Le destin des terres familiales d'Henri III en France restait toujours incertain. Revendiquer ces domaines était très important pour le roi qui employait des expressions comme « réclamer son héritage », « restaurer ses droits » et « défendre ses prétentions légitimes » dans sa correspondance diplomatique. Les rois de France disposaient cependant de revenus de plus en plus importants et avaient donc un avantage militaire sur Henri III100. Déjà considérable sous Jean, la différence en termes de ressources disponibles entre les deux royaumes s'était accrue car les revenus du roi de France avaient quasiment doublé entre 1204 et 1221.

La mort de Louis VIII en 1226 obligea à la mise en place d'une régence pour son fils Louis IX, âgé de 12 ans. La position du jeune roi était précaire et il dut faire face à de nombreuses révoltes organisées par une grande partie de la noblesse française qui avait conservé ses liens avec l'Angleterre. Ainsi à la fin de l'année 1228, un groupe de nobles normands et angevins demandèrent à Henri III d'attaquer et de récupérer ses terres tandis que Pierre Mauclerc, veuf d'Alix de Bretagne et qui gouvernait le comté de Bretagne pendant la minorité de son fils Jean, entra ouvertement en révolte contre Louis IX en faisant allégeance au roi d'Angleterre.

 

Le gouvernement royal anglais avait traditionnellement été centré autour de plusieurs grands offices occupés par de puissants membres de la noblesse116. Henri III abandonna cette pratique en laissant vacant le poste de justiciar et en cantonnant le chancelier à un rôle mineur. Un petit conseil royal fut formé mais son rôle était mal-défini ; les nominations, les patronages et la politique étaient décidés par Henri III et son entourage immédiat plutôt que par les plus grandes assemblées du début du règne. Ces évolutions rendirent plus difficiles d'influencer la politique royale pour ceux qui n'appartenaient pas à ce premier cercle.

Henri III considérait que les rois d'Angleterre devaient gouverner dans la dignité et respecter un rituel cérémoniel et religieux. Il estimait que ses prédécesseurs avaient entraîné le déclin du statut royal et chercha à corriger cette évolution. La guerre civile avait profondément marqué le jeune roi et il adopta Édouard le Confesseur comme son saint patron en essayant de reproduire la façon dont le roi anglo-saxon avait ramené la paix en Angleterre. Henri III s'efforça donc d'utiliser son autorité royale avec indulgence afin d'apaiser les barons les plus hostiles.

En conséquence, et malgré l'accent mis sur l'autorité royale, le pouvoir d'Henri III était relativement circonscrit et restreint. Il gouverna généralement en accord avec les chartes qui empêchaient la Couronne de contourner le pouvoir judiciaire pour imposer des amendes ou exproprier les barons comme cela avait souvent été le cas sous Jean. Les chartes étaient cependant muettes sur les questions sensibles de la nomination des conseillers du roi et de la distribution des patronages et elles ne prévoyaient rien si le roi décidait de les ignorer. Au fil du règne, la gouvernance devint moins rigoureuse et cela entraîna un affaiblissement de l'autorité royale dans les provinces et finalement à la cour tandis que les incohérences dans l'application des chartes irritèrent de nombreux barons.

L'expression de Parlement apparut pour la première fois dans les années 1230 et 1240 pour désigner les grands rassemblements de la cour et des assemblées parlementaires furent organisées tout au long du règne d'Henri III. Ces dernières étaient généralement organisées pour approuver la création d'une taxe qui, au XIIIe siècle, était un prélèvement unique, typiquement sur les propriétés personnelles, destiné à accroître les revenus de la Couronne pour un projet précis. Sous le règne d'Henri III, les comtés commencèrent à envoyer des délégations régulières à ces parlements qui ne représentaient plus uniquement les principaux barons.

Malgré les diverses chartes, la justice royale restait incohérente et motivée par des considérations de politique immédiate ; des actions pouvaient être prises pour répondre à la plainte légitime d'un baron mais le problème pouvait également être ignoré. Les tribunaux itinérants, appelés eyres, qui recevaient les plaintes de la petite noblesse ou de la gentry, avaient peu de pouvoir, ce qui permettait aux grands barons de dominer la justice locale. L'autorité des shérifs diminua également sous le règne d'Henri III car, au lieu d'être issus des puissantes familles locales, ils étaient souvent des individus moins influents nommés par le chancelier et qui se concentrait sur la collecte des taxes et des impôts pour le roi. Leur zèle pour obtenir le paiement des amendes ou des dettes fut très mal accepté par les classes inférieures. À la différence de son père, Henri III ne profita pas des importantes dettes que les barons avaient contracté auprès de la Couronne et il mettait peu d'enthousiasme à exiger le remboursement de ce qui lui était dû.

 

Plusieurs partenaires avaient été envisagés durant la jeunesse d'Henri III mais ils furent tous rejetés pour des raisons de politique intérieure et internationale. En 1236, il épousa finalement Éléonore de Provence, la fille du comte Raimond-Bérenger IV de Provence et de Béatrice de Savoie. Éléonore était distinguée et intelligente, mais la politique fut la principale motivation de cette union car Henri III cherchait à former un réseau d'alliance dans le Sud et le Sud-Est de la France. Durant les années qui suivirent, Éléonore émergea comme une dirigeante ferme et inflexible. Les historiens Margaret Howell et David Carpenter la décrivent comme « plus combative » et « bien plus dure et déterminée » que son époux.

Le contrat de mariage fut signé en 1235 et Éléonore se rendit en Angleterre pour rencontrer Henri III pour la première fois187. Ils se marièrent dans la cathédrale de Cantorbéry en janvier 1236 et Éléonore fut couronnée reine peu de temps après lors d'une somptueuse cérémonie en l'abbaye de Westminster. La différence d'âge était importante, Éléonore avait 12 ans contre 28 pour Henri III, mais l'historienne Margaret Howell note que le roi « était généreux, chaleureux et débordait d'affection pour son épouse ». Il lui offrit de riches présents et s'intéressa personnellement à son installation dans sa nouvelle résidence. Il la fit participer à sa vie religieuse et lui transmit son admiration pour Édouard le Confesseur.

Malgré les inquiétudes sur une possible stérilité de la reine, Henri III et Éléonore eurent cinq enfants. En 1239, Éléonore donna naissance à un fils, Édouard, nommé d'après le Confesseur. Henri III fut fou de joie et organisa de fastueuses célébrations et fit d'importantes donations à l'Église et aux pauvres pour obtenir la protection divine pour son fils. Ils eurent ensuite une fille l'année suivante, Marguerite, baptisée d'après la sœur d'Éléonore. Leur troisième enfant, Béatrice, nommée d'après sa belle-mère naquit en 1242 durant une campagne dans le Poitou. Né en 1245, Edmond fut nommé d'après le martyr du IXe siècle. Le couple eut une troisième fille, Catherine, en 1253 mais elle tomba rapidement malade peut-être en raison d'une maladie dégénérative comme le syndrome de Rett et elle ne pouvait pas parler; elle mourut en 1257 au grand désespoir du roi. Les enfants du couple passèrent la plus grande partie de leur enfance au château de Windsor ; Henri III s'efforçait de rester le plus longtemps possible avec eux et quittait rarement sa famille pour de longues périodes.

Après le mariage d'Éléonore, beaucoup de ses proches savoyards la rejoignirent en Angleterre comme ses oncles Boniface qui devint archevêque de Cantorbéry et Guillaume qui fut le principal conseiller du roi pendant une courte période. Henri III arrangea de nombreux mariages avec la centaine d'immigrés savoyards pour leur faire intégrer la noblesse anglaise et cela causa des tensions avec les barons locaux qui refusaient que des étrangers acquièrent des propriétés. Les Savoyards s'efforcèrent de ne pas exacerber les frictions et ils s'intégrèrent rapidement dans la société aristocratique anglaise où ils fournirent un important soutien à Éléonore.

 

À la fin des années 1250, le mécontentement monta chez les nobles anglais en raison de la manière dont les représentants du roi collectaient les taxes, de l'influence des Poitevins à la cour et de l'impopulaire politique sicilienne ; même l'Église anglaise était irritée par son traitement par le souverain. Les Gallois étaient toujours en lutte ouverte contre le roi et ils s'allièrent avec l'Écosse. La situation d'Henri III était compliquée par la situation économique de la Couronne ruinée par ses dépenses en Sicile. Ses critiques avancèrent qu'il n'avait jamais eu l'intention de rejoindre les croisades et voulait simplement profiter des dîmes qui leur étaient associées. Pour ne rien arranger, les récoltes furent mauvaises et beaucoup de courtisans estimaient que le roi serait incapable de mener le pays lors de cette crise.

La situation bascula en avril 1258, lorsque Simon de Montfort, Roger et Hugues Bigot, John Fitzgeoffrey, Pierre de Montfort, Pierre de Savoie et Richard de Clare formèrent une alliance secrète pour chasser les Lusignan de la cour, une action probablement discrètement soutenue par la reine. Le 30 avril, Hugh Bigod et ses co-conspirateurs entrèrent à Westminster au milieu d'une séance du Parlement et organisèrent un coup d'État. Craignant d'être arrêté et emprisonné, Henri III accepta d'abandonner sa politique de règne personnel et de gouverner via un conseil de 24 nobles et ecclésiastiques nommés à moitié par le roi et à moitié par les barons. Il désigna néanmoins plusieurs Lusignan haïs par les nobles anglais.

Les demandes de réformes se poursuivirent et un nouveau Parlement se rassembla en juin ; il adopta une série de mesures appelées les provisions d'Oxford qu'Henri III promit de respecter. Le texte prévoyait la création d'un conseil réduit de 15 membres, élus uniquement par les barons, avec le pouvoir de nommer le justiciar, le chancelier et le trésorier, et qui serait contrôlé par un Parlement devant se réunir trois fois par an. Le nouveau conseil comptait des représentants de la faction savoyarde mais aucun Lusignan et le gouvernement entreprit immédiatement d'exiler les principaux nobles poitevins et de confisquer leurs châteaux dans le pays.Des désaccords apparurent cependant rapidement entre les barons impliqués dans le coup d'État. Montfort défendait des réformes radicales destinées à imposer des limitations à l'autorité et aux pouvoirs des grands barons et de la Couronne ; d'autres comme Hughes Bigod ne souhaitaient que des changements modérés tandis que les plus conservateurs s'inquiétaient des restrictions qui avaient déjà été imposées au pouvoir royal. Le fils d'Henri III, Édouard, était initialement opposé au coup d'État mais il rallia Montfort et l'aida à faire adopter les radicales provisions de Westminster de 1259 qui introduisaient de nouvelles limitations à la noblesse et à la Couronne.

 

Édouard prit le chemin de la huitième croisade menée par Louis IX en 1270 mais Henri III devint de plus en plus malade ; les rumeurs de révolte poussèrent le roi à demander à son fils à rentrer en Angleterre mais ce dernier refusa. Après une légère amélioration de son état, Henri III annonça son intention de rejoindre la croisade mais il mourut dans la soirée du 16 novembre 1272 à Westminster. Devenu roi sous le nom d'Édouard Ier, son fils entreprit lentement le voyage de retour et ne revint en Angleterre qu'en août 1274.

À sa demande, Henri III fut inhumé dans l'abbaye de Westminster en face de l'autel dans l'ancienne sépulture d'Édouard le Confesseur. Quelques années plus tard, des travaux furent entrepris pour lui offrir une tombe plus grandiose et en 1290, Édouard transféra le corps de son père dans sa sépulture actuelle dans l'abbaye de Westminster. Son gisant en laiton doré fut dessiné et réalisé par l'orfèvre William Torell ; à la différence des autres exemples de la période, ce dernier était particulièrement réaliste même s'il ne représente probablement pas fidèlement le roi défunt.

Éléonore espérait probablement que son époux soit reconnu comme un saint comme le fut Louis IX ; de fait, la tombe d'Henri III ressemblait à celle d'un saint avec des niches destinées à accueillir des reliques. Lorsque son corps fut exhumé en 1290, les contemporains notèrent qu'il était en parfait état et que la longue barbe du roi était bien préservée, ce qui était considéré à l'époque comme un symbole divin. Des miracles commencèrent à être rapporté à l'aura de sa tombe mais Édouard Ier n'était pas convaincu par ces récits et Henri III ne fut jamais canonisé. En 1292, le cœur du roi fut retiré de sa tombe et inhumé dans l'abbaye de Fontevraud avec les corps de ses ancêtres Plantagênet.

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